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Un apéro avec Stéphane Guillon : « J’ai blessé des gens inutilement »

A notre arrivée, il est accoudé au comptoir, tout de noir vêtu, bagues en argent aux doigts, une silhouette d’ado sous un casque de cheveux argentés. Pour notre rencontre, Stéphane Guillon a choisi Le Martel, un restaurant cosy du 10e arrondissement de Paris où l’on déguste couscous, tagines et pastillas à se damner. L’humoriste tient un grand verre à la main. Une bière ? Non, un thé à la menthe, répond-il, avant d’expliquer que, s’il boit volontiers l’apéro l’été en Corse, où il possède une maison de vacances, il se tient farouchement à l’écart de toute forme d’addiction : « Je n’aime pas être dépendant d’une pulsion, qu’il s’agisse d’alcool ou de nourriture. » Nous voilà donc devant une théière fumante et aromatique accompagnée d’une petite assiette de pâtisseries orientales que nous nous appliquons à bouder ostensiblement.
Stéphane Guillon, qui aura 60 ans en décembre, vient de publier un livre expurgatoire. Oui, encore un, allez-vous penser, cela devient une manie. Quand il lui arrive une tuile, Guillon prend la plume. Il se fait virer de France Inter après une chronique sur Dominique Strauss-Kahn, en 2009 ? Il écrit On m’a demandé de vous calmer, puis On m’a demandé de vous virer (Stock), puis Je me suis bien amusé, merci ! (Seuil). En 2023, l’ancien chroniqueur s’est fait larguer par sa petite copine et, bam, il sort un nouvel opus, Fini de rire (Albin Michel, 256 pages, 19,90 euros).
« L’écriture est le seul processus que je connais, s’excuse-t-il. Je savais que raconter cette histoire allait me recentrer, même si je n’étais pas sûr du résultat. » Nous non plus, à vrai dire. On y est même allée à reculons, rebutée par le côté « ouin-ouin » du propos. On vous raconte l’histoire. Marié à Muriel Cousin, chroniqueuse et animatrice avec laquelle il a une fille et une jolie famille recomposée de sept enfants, Stéphane Guillon se pique de tout foutre en l’air pour une jeunette qu’il connaît à peine, dont il écrit qu’elle est branchée médecine douce et drogues dures.
Après avoir délaissé son pavillon, sa Porsche, ses plantes et son chien (eh oui, il a un petit côté bourgeois pépère, l’ancien sniper du PAF), il déchante assez vite. L’amoureuse le fait tourner en bourrique, disparaît, réapparaît, le quitte à tout bout de champ puis finit par le congédier d’un e-mail lapidaire qui le laisse exsangue, totalement déprimé. « J’ai pensé à en finir », nous glisse-t-il avec ses yeux de cocker. Bigre, notre regard est immédiatement aimanté par la bague en forme de tête de mort qu’il porte à la main gauche et nous semble tout à coup de bien mauvais augure. On se ressaisit, le bonhomme a l’air de se porter pas trop mal.
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